Officiellement, il ne s’agit que de simples pétitions réclamant des sanctions contre cinq membres du bureau de l’Assemblée nationale, accusés « d’incompétence » et « d’opacité » dans la gestion financière. Mais derrière cette offensive se profile une véritable bataille politique dont les enjeux semblent échapper à nombre de députés.
Tout est parti de la réception en bonne et due forme de ces pétitions par le bureau dirigé par Vital Kamerhe. Une plénière a été aussitôt convoquée pour mettre en place une commission chargée de les examiner. Mais coup de théâtre : le Premier vice-président, le professeur Jean-Claude Tshilumbayi, appelé à présider la séance, s’est retrouvé lui-même visé par une pétition improvisée.
Une manœuvre orchestrée ?
Selon des indiscrétions glanées dans les couloirs du Palais du peuple, cette attaque contre Tshilumbayi porterait la marque de deux figures politiques : Christophe Mboso, deuxième vice-président, et Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS.
Deux scénarios circulent :
- La carte Mboso
Le 16 septembre 2025, Christophe Mboso aurait proposé à Tshilumbayi de déposer ensemble leurs démissions avant le traitement des pétitions, dans le but de revenir à un bureau provisoire. Espérant récupérer la présidence grâce à son ancienneté, Mboso aurait déclenché la machine de sa propre pétition face au refus catégorique de son collègue. - La carte Kabuya
Toujours en froid avec Tshilumbayi, Augustin Kabuya verrait dans cette crise une opportunité pour solder ses comptes. Il reprocherait au Premier vice-président sa proximité avec Vital Kamerhe et son manque de loyauté envers la ligne politique de l’UDPS. Dans son viseur : le poste stratégique de Premier vice-président.
Un objectif commun : le “perchoir” pour sécuriser une réforme constitutionnelle
Derrière ces calculs, une ambition se dessine clairement : s’emparer du bureau de l’Assemblée afin de mieux encadrer un projet hautement sensible, celui de la révision – voire du changement – de la Constitution.
Mais une interrogation demeure : en acceptant de s’impliquer dans ce bras de fer, les députés mesurent-ils vraiment la portée de leurs actes ? Ont-ils conscience du chaos politique que pourrait engendrer ce plan de remise en cause de l’ordre constitutionnel en RDC ?
Wait and see…
Par Bruce NZUMWA, expert des questions parlementaires